Confinement : 4 activités sur l’égalité filles-garçons à faire avec vos enfants

Depuis le début de la semaine, les écoles et les crèches sont fermées et nous devons nous confiner chez nous au maximum. Certain-es d’entre vous se retrouvent donc sûrement en arrêt, avec des enfants à la maison, qu’il va falloir occuper pendant les prochaines semaines !

Et si ce confinement était l’occasion de prendre le temps de parler d’égalité de genre avec vos enfants ? Voici 4 idées d’activités pour différentes tranches d’âges :

1. Pour savoir quels stéréotypes leur trottent dans la tête : atelier dessin !

De nombreuses études de psychologie sociale l’ont démontré, les enfants apprennent très tôt les stéréotypes (dès 2 ans, elles et ils sont déjà des expert-es ! N’hésitez pas à (re-)regarder ma conférence à ce sujet.) Une manière très simple de connaître ceux qui se nichent dans la tête de vos enfants ? Leur demander de dessiner !

Vous pouvez par exemple leur demander de dessiner “une personne” puis leur demander son prénom et de la décrire. Quelles sont ses qualités, ses défauts ? Qu’est ce qu’elle sait faire ? Qu’est ce qu’elle aime ?Et enfin, est-ce une fille ? un garçon ? ni l’un ni l’autre ? les deux ? Si l’enfant sait écrire, c’est l’occasion de travailler le vocabulaire, éventuellement l’orthographe voire même la rédaction en mettant tout ça à l’écrit. Par exemple, écrire 3 adjectifs qualifiant cette personne ou un petit texte descriptif. Mais si l’enfant ne sait pas écrire, tout ça peut évidemment se faire à l’oral !

Une variante : dessiner des super-héro-ïnes. C’est ce que j’ai fait avec une petite dizaine d’enfants dernièrement lors d’un atelier à la librairie le Marque Page à Saint Marcellin. Les enfants ont dessiné un super-héro puis une super-héroïne ou vice-versa. Chaque super-héro-ïne a eu le droit à un surnom et à quelques adjectifs…

89780478_2730353503726434_3118519047172390912_n
Les chef-d'oeuvre des enfants à Saint-Marcellin

Ensuite, nous avons comparé. Quels adjectifs ont été utilisé pour les super-héro ? Quels adjectifs pour les super-héroïnes ? Quelles couleurs aussi ? Cela a donné lieu à une petite discussion sur les “boîtes filles et garçons” qu’ont défini les êtres humains, ce qu’il y a dedans et sur le fait que c’est parfois compliqué d’aller piocher dans l’autre boîte, de changer de boîte ou de se débarrasser des boîtes complètement… Même si la loi autorise tout le monde à porter du rose et du maquillage, certain-es se moquent quand c’est un garçon car ce n’est pas habituel !

Pour finir, chaque enfant a dessiné son/sa super-héro-ïne intérieur-e en réfléchissant à leurs talents et super-pouvoirs… Une belle façon de booster l’estime de soi !

2. Pour déconstruire les stéréotypes : shooting photo !

Commencez par rassembler quelques stéréotypes. Si vous avez fait l’atelier dessin, vous pouvez les recycler ! Sinon, demandez simplement à vos enfants de compléter les phrases “tous les garçons…” ou “toutes les filles…” Par exemple, tous les garçons aiment le foot et toutes les filles n’aiment pas le foot. Ou alors la phrase “…. c’est un truc de filles/de garçons”. Par exemple, “le rose c’est un truc de filles !”

A partir de là, vous pouvez lui expliquez que cela c’est un stéréotype. Demandez leur simplement si elles et ils pensent que cette phrase est vraie. Est-ce que vraiment TOUS les garçons aiment le foot ? Spoiler alert : probablement pas ! Vous pouvez les aider à trouver des contre-exemples pour prouver que c’est faux (dans votre entourage ou dans les personnages de fiction qu’elles et ils aiment bien).

Une fois que vous avez récolté quelques stéréotypes, proposez leur de faire des photos pour montrer que tout le monde a le droit de faire et d’aimer ce qu’elle ou il veut ! La question à leur poser est la suivante : quelle photo peut-on faire pour prouver aux autres que le stéréotype est faux ? Laissez leur créativité vous surprendre !

Attach6589_20191018_223218
Un exemple de non-stéréotype spontané

Si elles et ils ont du mal, sachez que deux options principales sont possibles : 

  • On inverse les rôles, ça s’appelle un contre-stéréotype. Par exemple, un garçon habillé en rose et une fille avec un t-shirt représentant une voiture.
  • On supprime complètement le stéréotype de la photo, ça s’appelle un non-stéréotype. Par exemple, tout le monde s’habille en arc-en-ciel.

3. On part à la chasse aux stéréotypes dans la bibliothèque : jouer aux détectives !

Les livres jeunesse véhiculent souvent des stéréotypes. Pour les démasquer, proposez à vos enfants de lire un livre de façon un peu différente de d’habitude… En partant non pas à la chasse aux trésors mais à la chasse aux stéréotypes !

Vous pouvez partir d’une liste de stéréotypes établies de la même façon que dans les activités précédentes, et laisser vos enfants chercher seul-es. Par exemple, trouver toutes les filles et les garçons habillés en rose. Vous pouvez aussi les aider un peu… « Tiens, c’est toujours la maman qui s’occupe de la maison dans Petit Ours Brun… Pourtant à la maison, tout le monde participe non ? »

Il est aussi possible de rassembler tous les livres des enfants et d’élargir la chasse à l’ensemble de la bibliothèque. Vous pouvez tous les classer selon un ou deux critères de votre choix. Par exemple, dans cette vidéo, une maman et sa fille regardent combien de livres ont pour personnage principal un garçon et combien ont une fille. Puis, elles regardent combien racontent des histoires de princesses

Quel serait le résultat chez vous ?

 

Vous pouvez aussi compter les livres où des garçons pleurent et où des filles s’énervent par exemple. Ou encore combien il y a de personnages principaux homosexuels ou transgenres. Choisissez le critère qui vous semble le plus important à vous et à vos enfants !

Ce bilan vous permettra d’acheter des livres qui rééquilibreront le compte et montreront une plus grande diversité d’enfants.  A Grenoble, la librairie Les Modernes est une très bonne ressource pour vous aider dans cette quête. Sur ce site, vous trouverez une bibliographie de livre promouvant l’égalité sous toutes ses formes qui sont disponibles au format numérique.

4. Pour aiguiser leur esprit critique (et le votre) : organiser un ciné-débat !

Voilà une activité qui marche aussi bien avec les enfants qu’avec les ados : il suffit de choisir un film adapté ! Pour ce faire, la ligue de l’enseignement a publié une filmographie permettant de parler des inégalités de différentes façons, à partir du niveau CE1. Vous n’avez plus qu’à les chercher sur les plateformes de VOD ou de streaming légal, à préparer des pop-corns maison et c’est parti pour la séance de ciné à la maison !

Est-ce que Star Wars est "un truc de filles" ?

Après le film, lancez la discussion ! Est-ce qu’on a l’habitude de voir des héros ou héroïnes comme ça ? Qu’est ce qu’on aurait fait à la place du personnage principal ? Privilégiez le questionnement à la leçon magistrale. En posant des questions, vous aidez votre enfant à réfléchir par lui ou elle-même, à construire sa propre opinion et à l’exprimer. Ce qui ne vous empêche pas d’exprimer votre opinion également, bien au contraire !

Si vous voulez vous lancer dans une analyse plus poussée du film avec vos enfants, c’est possible aussi. Le site Genrimages propose des grilles d’analyse dont vous pouvez vous inspirer ou simplement les télécharger telles qu’elles ! Vous trouverez également des ressources sur les publicités et les clips. Je vous recommande notamment celle-ci pour les films et séries bien qu’elle gagnerait à avoir une colonne « non-binaire » pour celles et ceux qui ne se sentent ni femmes ni hommes.

Et voilà ! J’espère que ces quelques idées pourront vous être utiles et vous inspirer en cette période un peu particulière mais aussi après. Prenez bien soin de vous et de vos proches : restez chez vous !

– Noémie